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Discours d'ouverture de Mgr Ulrich

Samedi 31 janvier 2015, à Merville pour la 4e assemblée du synode provincial.

IMG_2394 IMG_2394  Nous voici dans cette quatrième session de notre synode provincial, tout a été très vite ! D'abord l'étonnement du début : qu'est-ce que cela va être, comment cela est-il possible ? Puis au cours des deux premières sessions, la découverte très fraternelle de chacun, les exercices difficiles de la compréhension mutuelle et de la perception des enjeux : nos visions de l'Église ne sont pas spontanément accordées, et les mots pour le dire ne nous viennent pas si aisément que cela ; nous savons aussi que des désaccords ne sont pas toujours faciles à exprimer. Enfin, lors de la session d'octobre, les premiers votes d'orientations générales.

 

À vrai dire, en votant nous avons encore expérimenté que l'essentiel ne se découvre que lentement ; il en a fallu des discussions, des reprises, des allers et retours entre équipes, assemblée, équipe de pilotage. Se mettre devant sa feuille de papier, comme il avait été demandé de le faire pendant l'été, c'était difficile ; se réunir en équipes au mois de décembre pour élaborer des propositions innovantes, cela n'a pas été plus facile. Mais on croit à l'effet d'entraînement !

 

Chacun attend de retrouver ses phrases, ses idées, dans les textes à voter... En fait les idées émises font réfléchir, elles suscitent l'inventivité, et dans le retour vers l'équipe pilote qui est bien au service de nos échanges elles produisent des propositions qui n'avaient pas été formulées telles quelles dans un premier temps : c'est la vertu de l'échange et de l'attention aux propositions qui viennent des autres. Les dernières orientations générales que nous devons voter et aussi  les innovations présentées lors de cette assemblée peuvent être un peu différentes du point de départ. Mais en cessant d'être miennes, elles deviendront nôtres, c'est l'Église en sa nature synodale qui se construit.

 

Que reflètent donc ces propositions que nous avons votées et de celles que nous voterons ? Ce n'est pas un rêve impossible, ce ne sont pas des illusions nées de déceptions devant les difficultés d'évangéliser. Non, quand nous nous regardons, nous sommes tous des gens animés par un profond désir et aussi habités de réalisme : ce que nous proposons, nous voulons que ce soit possible. Mais ce n'est pas non plus un enfermement sur des formules sèches et abstraites : ce que nous votons est marqué de notre expérience ecclésiale partagée. Ce que nous avons écrit et ce que nous allons encore voter aujourd'hui et demain, c'est une ouverture à traduire en acte dans des délais raisonnables, c'est un mouvement et un dynamisme, c'est un état d'esprit à faire vivre. De là viendront certainement, dans nos trois diocèses, des nouveautés que l'on ne peut pas forcément imaginer aujourd'hui.

 

Et puis il y a des innovations annoncées. Là aussi, le travail a été difficile : difficile d'imaginer autre chose qui sorte de nos expériences actuelles ; difficile de modéliser quelque chose dont on sait d'avance qu'il ne conviendra pas partout à la fois ! Mais à force de parler et de chercher nous avons identifié des points concrets d'effort qui pourraient nous faire avancer dans le goût de rencontrer nos frères, de les écouter et de leur montrer ce Christ qui nous fait vivre.                                                                                                                                             

 

En prenant connaissance maintenant de l'ensemble des propositions comme il est possible de le faire dans ce cahier, on peut apercevoir des lacunes : par exemple, la vie consacrée, en cette année qui lui est dédiée, est peu évoquée. C'est vrai que les religieux et les religieuses ne sont pas à proprement parler des acteurs de l'animation paroissiale, tels qu'ils sont décrits au chapitre 4 de notre document d'aujourd'hui ; mais peut-on faire comme s'ils n'existaient pas ? On sait tout ce que les relations nouées entre les gens doivent aux fraternités religieuses là où il y en a dans les quartiers et les paroisses. On sait l'immense bienfait apporté par la seule présence de personnes dont la vie est un signe de l'offrande, de l'engagement et du service gratuit. Ce signe interroge et témoigne sans autre artifice sur le besoin de se donner et de consacrer sa vie. Ce signe parle de l'appel qui vient de Dieu. Il n'est pas forcément trop tard pour faire une proposition dans ce sens.

 

On connaît aussi le goût que certains expriment à l'égard de vies d'équipes de prêtres, ou de prêtres et de laïcs s'entretenant ensemble de l'évangile et de la mission confiée par le Seigneur, développant à plusieurs une vie de convivialité et de prière en vue de la mission, capables aussi d'être envoyés ensemble dans un même lieu pour un temps de relance missionnaire dans un secteur. On sait qu'à certains endroits de nos diocèses, ce serait une véritable urgence à mettre en œuvre. N'oublions pas que notre objectif, c'est de faire vivre l'Église un peu partout, non pas en se refermant sur nos lieux propres, nos petites communautés convaincues. Sans cesse nous devons nous rappeler cela : dès le début de l'Église, les apôtres ont eu le sentiment de l'immensité de l'ouvrage apostolique, ils ont accepté l'injonction de l'Esprit saint de faire des disciples au cœur de toutes les nations. La persécution ne les a pas enfermés dans les caves, mais les a projetés hors de Jérusalem. Nous nous sommes mis en synode non pas pour rester entre nous, mais pour sortir ! Nous sommes montés dans la chambre haute ; nous savons que le Seigneur est désireux de nous y retrouver, mais pour nous envoyer au dehors.

 

Profitons donc de cette dernière assemblée pour bien prendre conscience de l'expérience que nous avons vécue : celle de l'accueil de l'Esprit au milieu d'une assemblée pour savoir la vivre et la faire vivre dans d'autres lieux ecclésiaux.

 

De très grands efforts de communication ont été faits autour de ce synode provincial et il a été bien relayé dans les trois premières sessions. Mais il est vrai que ce n'était pas si simple de traduire l'expérience ecclésiale que nous vivions, ni de donner des comptes rendus sur des sujets en cours d'élaboration. Et on nous a dit qu'on n'a pas assez entendu parler de ce synode ; des gens disent que c'est une affaire entre les membres … Peut-être ! à nous dans les mois qui viennent de faire mentir cette impression et de nous faire porteurs et témoins de cet Esprit qui nous a réunis et inspirés.

 

Mais pour le moment, bonne assemblée, vivons ensemble ces deux belles journées que le Seigneur nous donne.