Le synode de nos voisins belges
Le 30 novembre, le synode du diocèse de Tournai se clôturait. Quelques fruits à partager.
Comment aborder les prochaines années alors que les mutations sociales et ecclésiales sont si importantes ? La question touche tous les diocèses d’Europe de l’Ouest. Le synode est un moyen privilégié pour un diocèse en vue de franchir des pas souvent difficiles d’orientations fondamentales et pratiques. En 2010, Mgr Harpigny a décidé que le temps était venu dans le diocèse de Tournai. Le 30 novembre, ce synode est clôturé à Mons et les décrets sont promulgués. Que nous dit cet événement, en vue de notre propre synode provincial ?
Une synodalité renouvelée
Il est évident que le diocèse de Tournai n’a pas découvert la synodalité par le synode diocésain. Le “style épiscopal” de Mgr Himmer (évêque de Tournai au Concile) y est certainement pour beaucoup. Dans l’histoire du diocèse, il faudrait ici évoquer la naissance de plusieurs conseils, le processus Chemins d’Église (1993-1997) et la mise en place des unités pastorales. Le synode n’a donc pas surgi d’un néant, mais d’une terre enrichie jusqu’à devenir un terreau fertile.
Dans un premier temps, quatre cent cinquante équipes synodales (trois mille six cents personnes) ont échangé autour des quatre thèmes proposés par l’évêque : la mission de l’Église, les unités pastorales et les secteurs pastoraux (signes de la visibilité de l’Église), l’appel aux ministères et à la vie consacrée, la rencontre et la conversion. Les équipes devaient aussi faire des propositions concrètes. Ensuite, les trois cent quatre-vingt-neuf membres de l’assemblée synodale avaient pour objectifs de rédiger et voter des orientations (trois sessions), puis de proposer des actions concrètes (deux sessions). Tout le processus fut piloté par une équipe qui a elle-même œuvré dans une belle synodalité.
Apprendre à “faire Église” à l’écoute de l’Esprit saint
À Tournai, on peut parler d’une synodalité réelle, malgré les difficultés et les lourdeurs inhérentes à ces longs événements. L’expérience concrète de communion vécue dans les équipes et les assemblées devrait rester
en mémoire et marquer durablement la vie diocésaine. Chacun aura perçu combien la célébration d’un synode diocésain possède une autre dimension qu’un conseil d’administration ou un parlement.
Le synode diocésain est lié à l’Esprit saint qui manifeste une Église particulière et la réalise. Il y a là quelque chose d’indéfinissable, de l’ordre d’une expérience d’un souffle, d’un élan, dépassant les attentes initiales. À Tournai, il faudra attendre la réception du synode, c’est-à-dire l’accueil et la mise en œuvre des textes dans l’esprit vécu au cours de ces deux années. Pour permettre cette expérience de l’Esprit, le fait de se rassembler pour réfléchir (débats, rédactions, votes) ne suffit pas. Cela n’aurait pas été possible sans la dimension spirituelle et liturgique.
Une synodalité à faire grandir
Un synode est célébré dans le contexte d’une histoire bien concrète d’hommes et de femmes qui sont le corps du Christ en un lieu, signe de l’amour de Dieu pour tous. Il impulse des ajustements structurels, mais aussi des manières de vivre, de croire et de célébrer. Si les baptisés n’entrent pas dans ce mouvement, alors le synode restera lettre morte et les changements structurels ne serviront à rien. Puisse le souffle synodal inspirer désormais tous les baptisés de nos trois diocèses en synode provincial.
Arnaud Join-Lambert, théologien
Conseiller du synode provincial