Catholique en Nord Pas-de-Calais - Diocèses de Lille . Arras . Cambrai

Orthodoxes et anglicans : regards sur le synode

Comme pour le concile Vatican II, orthodoxes, protestants et anglicans participent à toutes les assemblées synodales en tant qu'observateurs. Quelques uns nous ont partagé leur regard...

Église de Lille. En tant qu’orthodoxes, qu’est-ce que votre présence au synode vous apporte ?


Père Jean Maquart, recteur de la paroisse russe orthodoxe Saint-Nicolas à Lille-Fives. C’est un honneur pour nous d’être là. Nous avons des collaborations régulières et très fraternelles avec les évêques de Lille. Nous partageons ensemble les angoisses et les joies de nos missions, donc cela nous réjouit profondément d’être là. Même si nous ne sommes que de simples observateurs, ce n’est pas de la figuration ! Nous apprenons beaucoup de ce que nous entendons dans les échanges et, de plus, la parole nous a été donnée en grande assemblée.


Père Aimilianos Bogiannou, recteur de la paroisse grecque de Lille. J’habite Bruxelles et ma paroisse correspond à peu près à trois cents familles orthodoxes sur l’ensemble du Nord-Pas-de-Calais, dont quatre-vingts à quatre-vingt-dix fidèles participent à la divine liturgie le dimanche à Lille. Ce synode est stimulant pour notre pastorale, notamment sur la question de la collaboration entre le prêtre et les fidèles qu’il faudrait aussi renforcer dans notre Église. Mais en même temps, pour nous, ce serait tout à fait impossible, comme chez vous catholiques, que des laïcs célèbrent des funérailles, les fidèles orthodoxes ne l’accepteraient pas ! Ceci étant dit, les questions ne se posent pas de la même manière. Je n’ai qu’une dizaine de funérailles à célébrer par an, là où des prêtres catholiques, ici, en ont beaucoup plus à célébrer… tous les mois ! Mais je ne peux pas ne pas m’interroger : quand les laïcs catholiques demanderont à présider un baptême ou un mariage, comment est-ce que l’Église va réagir ? C’est pour moi une vraie interrogation… 

 

DSC_7163 DSC_7163  

Père Aimilianos Bogiannou et Père Jean Macquart

 

Les Églises orthodoxes se préparent à vivre un concile très attendu, en 2016 à Constantinople. Qu’attendez-vous de ce rassemblement historique ?

 

Père Aimilianos Bogiannou. Les primats de quatorze Églises autocéphales se sont mis d’accord au mois de mars dernier pour la tenue de cette assemblée, un projet qui remonte à plus de cinquante ans ! Le lieu n’est pas complètement arrêté : ce pourrait être l’église Sainte-Irène, la première cathédrale d’Istanbul, au IVe siècle, avant la construction de Sainte-Sophie. Elle n’a pas été transformée en mosquée, mais n’est pas ouverte au culte. À cause de cette désacralisation, certains responsables orthodoxes estiment que ce n’est pas un lieu adapté pour la tenue d’un grand et saint concile !
Père Jean Maquart. L’un des points qui seront débattus concerne la diaspora : les communautés se trouvant hors des limites des pays traditionnellement orthodoxes, notamment en Europe occidentale et sur le continent américain. Nous espérons aussi que les Églises sortent du repli nationaliste dans lequel certaines d’entre elles se sont enfermées, notamment depuis la chute du mur de Berlin. Ce concile tant désiré est une chance pour l’unité du monde orthodoxe, afin que toutes les Églises aient enfin un témoignage commun.

 

Propos recueillis par Arnaud Arcadias