Catholique en Nord Pas-de-Calais - Diocèses de Lille . Arras . Cambrai

"Moi, j'appartiens au Christ"... Méditation

proposée par le père Paul AGNERAY, du diocèse d'Arras sur 1 Co 12

"Je m’explique. Chacun de vous prend parti en disant : « Moi, j’appartiens à Paul », ou bien : « Moi, j’appartiens à Apollos », ou bien : « Moi, j’appartiens à Pierre », ou bien : « Moi, j’appartiens au Christ »." 1 Co 12

 

L’Eglise est avant tout un mystère, c'est-à-dire, selon la compréhension chrétienne de ce mot, non pas une réalité bizarre, obscure, nébuleuse, mais au contraire une réalité tellement riche de sens qu’on n’a jamais fini de la découvrir, de la comprendre. Pour répondre à ce trop plein de sens, « Lumen Gentium », le grand texte de Vatican II sur l’Eglise, énumère en son paragraphe N° 6 les nombreuses images par lesquelles l’Ecriture explique ce qu’est l’Eglise : le troupeau, le champ, la vigne, la demeure, etc. Aucune de ces images ne suffit car le mystère est inépuisable, mais l’une d’entre elles a un statut privilégié : l’Eglise est Corps du Christ (N° 7)[1].

 

Si l’Eglise est mystère, c’est parce qu’elle s’enracine, ou qu’elle trouve sa source en Dieu : elle repose tout entière sur le don, sur les dons de Dieu. Effectivement, en 1 Co 12, Paul commence par réfléchir sur ces dons de l’Esprit Saint, qui ne sont pas autre chose que les diverses fonctions, les diverses vocations, les divers charismes quelquefois extraordinaires, que l’on trouve dans l’Eglise – soit dit en passant, Paul ne met pas en avant, même s’il ne les oublie pas, certains charismes spectaculaires dont les corinthiens étaient fort fiers…

 

L’Eglise étant ainsi constituée des dons de l’Esprit Saint, qu’allons-nous faire ? A moi de reconnaitre, d’apprécier sans fausse humilité les dons que j’ai reçus en propre, et surtout d’en faire profiter tous  les autres. Mais à moi tout autant d’estimer les dons que les autres ont reçus et d’en reconnaitre la valeur et la nécessité pour la vie de l’Eglise. C’est ce que Paul veut faire comprendre en développant l’allégorie du Corps : aucun membre ne peut dire aux autres : « je n’ai pas besoin de vous ! »

 

Mais si j’accepte de jouer le jeu de l’Esprit Saint, si j’entre dans ce mouvement de décentrement, de reconnaissance des dons divins à travers les autres, alors je pourrai dire, comme le faisait Mère Teresa en parlant de sa vocation : « Sans Dieu, je ne peux rien ; avec lui je peux tout. » Nous rencontrons ici un paradoxe bien typique de l’Evangile, une formidable alliance de l’humilité et de la toute puissance. Voilà qui me rend libre et paisible, qui m’emplit de joie et d’enthousiasme.

 


[1] Cf. 1 Co 12 ; Rm 12 ; Col 1,18-20 ; 2,19 ; Ep 1,18-23 ; 4,11-16